Alexia Vic

Transfer

du 11 au 23 octobre 2018.

Transfer n’est pas le portrait d’un nouveau genre, mais une ode à la quête d’identité.

Je me souviens de ce jour où j’ai vu le film « Victor Victoria » pour la première fois, j’avais dix ans.  À cet instant, j’ai su que l’androgynie me passionnerait. Ce film parlait – au-delà des relations, parfois complexes, entre un homme et une femme – du sentiment d’impuissance face à l’amour, à la quête d’identité. Je trouvais cela fascinant. Ce film évoque encore aujourd’hui pour moi des souvenirs d’enfance, comme des journées passées avec les amis homosexuels de mes parents. Ils étaient si tendres, sans haine ni violence, tout paraissait si simple avec eux. Leur goût du raffinement était sans égal, ils mélangeaient à merveille la liberté de l’homme et la beauté de la femme.

Ainsi, je n’ai pas encore fait le tour de la féminité, je suis toujours en recherche d’une harmonie entre le féminin et le masculin, deux opposés pourtant bien inscrits en moi. Je me retrouve beaucoup dans les personnes que je photographie. Ils sont en pleine construction, certains sont en transfert, leur vie est une grande source d’inspiration, une magnifique leçon de vie. C’est pour cette raison que mon projet ne prend appui sur nulle source artistique, si ce n’est leurs vécus, le chemin qu’ils ont parcouru pour changer.

À mon sens, le genre ne doit plus être une catégorie, une subdivision ou un critère déterminant. Au sein de notre société – toujours très enclavée dans la détermination du genre – Transfer vient s’interroger sur ces personnes au destin singulier. Ils sont à eux seuls les représentants d’une évolution, d’un nouveau regard sur l’humanité, la maternité, l’acceptation… Ils ont besoin d’annoncer qui ils sont, de le partager, de détruire les codes classiques fondés par nos prédécesseurs. Leur transfert se fait ici par le biais de la photo, tous accompagnés par la peluche Dorothy et leurs plus sincères souvenirs. Je cherche ici à connaître ces hommes, ces femmes, et ces non-binaires qui ont fait le choix d’admettre leurs différences et d’en faire leur principale raison de vivre. Changer de sexe, laisser pousser ses cheveux, ou être opéré de la voix n’est pas le résultat d’une mode, d’une tendance passagère, mais bien la solution trouvée pour pallier leur fragilité, le rejet subit au quotidien, perçu inlassablement comme une souffrance perpétuelle.

Cessons de les considérer comme des choses.

Ils sont humains.

Ils ne sont pas différents.

Alexia Vic.